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Les Verts de  Fontenay-sous-Bois
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22 septembre 2008

VOTE DES PARLEMENTAIRES VERTS du 22 SEPTEMBRE


Déclaration des Verts sur l'Afghanistan du 19 septembre 2008

Suite à la grande émotion qu'a suscitée la mort, le 18 août dernier, de 10 jeunes soldats français en Afghanistan, tués dans une embuscade tendue par les Talibans, et à l'approche du débat parlementaire qui aura lieu le 22 septembre sur l'engagement français en Afghanistan, les Verts apportent les précisions suivantes quant à leur positionnement.

Ils rappellent que l'engagement de la France a été décidé suite à l'adoption de la résolution 1386 adoptée le 20 décembre 2001 par le Conseil de sécurité des Nations-Unies, qui portait création de la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS), coalition de pays volontaires agissant dans le cadre d'un mandat de l'ONU dont l'objectif était « d'aider les autorités afghanes à maintenir la sécurité à Kaboul et dans ses environs, de telle sorte que l'Autorité intérimaire afghane et le personnel des Nations-Unies puissent travailler dans un environnement sûr ». Le mandat de la FIAS a été étendu à l'ensemble du pays par la résolution 1510 de l'ONU, du 13 octobre 2003, La FIAS a travaillé de concert avec la Mission d'assistance des Nations-Unies en Afghanistan (MANUA) à partir de la création de celle-ci par la résolution 1401 de l'ONU le 28 mars 2002. La MANUA, composée de civils, est dédiée à l'appui à la reconstruction de l'Etat de droit, à la démocratie, etc.).

Cette décision survenait peu après les attentats du 11 septembre 2001, peu après l'attaque des Etats-Unis sur l'Afghanistan, au motif de la légitime défense prévue par l'article 51 du chapitre VII de la Charte des Nations-Unies, qui avait facilité la chute du régime Taliban complice des terroristes d'Al Qaeda et la prise de Kaboul par l'Alliance du Nord. L'heure était à l'espoir suite à la chute d'un régime obscurantiste et criminel et au consensus quant à la nécessité d'aider  à la reconstruction d'un pays ravagé par plus de 20 années de guerre.

A l'époque, les Verts avaient estimé nécessaire une implication internationale forte sous couvert de l'ONU et déclaré (communiqué du 16/11/2001) que « dans ce cadre, les Verts n'ont pas d'opposition de principe à l'envoi d'un contingent français, axé sur des fonctions humanitaires, de logistique, de génie et de protection des populations, pour autant que ses missions soient délimitées, inscrites dans un mandat international et débattues au Parlement. Il serait inacceptable que l'envoi de ces troupes et la définition de leur rôle ne fassent pas l'objet d'un débat au Parlement ».

Depuis, le mandat de la FIAS  a été reconduit chaque année, avec un changement de taille intervenu en août 2003. le commandement tournant de la FIAS est passé à l'OTAN de façon pérenne. Cette évolution, défendue au nom de critères techniques, offrait à l'OTAN l'opportunité d'une justification de son existence après la fin de la guerre froide, mais elle a nui à la crédibilité de la FIAS, qui tout en continuant d'agir dans le cadre d'un mandat de l'ONU, le faisait dorénavant dans le cadre d'une alliance militaire dominée par les Etats-Unis. Comme les Etats-Unis, en 2003 ont attaqué unilatéralement l'Irak,  comme ils continuent d'agir militairement en Afghanistan non seulement dans le cadre de la FIAS (dont ils sont le plus gros contributeur avec19000 hommes sur 51 000) mais aussi de leur mission autonome «Liberté immuable » (ciblée contre Al Qaeda et Ben Laden) la FIAS apparaît largement comme servant les intérêts des Etats-Unis dans cette région du monde.

Depuis 2001, sept ans ont passé, plus que la durée de chacune des deux guerres mondiales du XXéme siècle. L'heure du bilan a sonné. Et malgré les objectifs généreux, les efforts bien réels, et le bien-fondé initial de la mission, le bilan  est accablant.

L'Afghanistan s'enfonce de plus en plus dans le bourbier de la guerre, avec une recrudescence d'attaques de la part des Talibans, toujours inexpugnables dans leurs bastions montagneux et leurs bases arrières au Pakistan. Le nombre de morts au sein de la FIAS se compte par centaines, 24 militaires français sont morts . En réaction, la FIAS utilise de plus en plus des bombardements avec leur lot de bavures provoquant  des centaines de victimes civiles, accroissant le rejet d'une présence militaire étrangère de plus en plus considérée comme une occupation.

Les efforts (réels) de reconstruction, économique, sociale et politique en vue de la reconstruction d'un Etat de droit, se heurtent à une corruption généralisée qui gangrène la société. 93 % de la production mondiale d'héroïne provient du pavot afghan, contrôlé par des seigneurs de guerre dont les revenus financent largement les Talibans, Al Qaeda, et l'administration. La situation des droits de l'Homme et de la condition féminine reste préoccupante, même si la scolarisation des filles est désormais possible et grandissante.

Une guerre non gagnée en sept ans n'est pas une guerre gagnable, d'autant moins que la lutte militaire contre les Talibans restera vaine sans une intervention au Pakistan qui leur sert de sanctuaire, qui n'est ni envisageable ni envisagée contre un Etat disposant de surcroît de l'arme nucléaire.

En avril 2007, Nicolas Sarkozy, alors candidat, s'était prononcé pour un retrait des forces françaises d'Afghanistan, la jugeant non indispensable, une fois élu il a accru il a accru grandement la présence militaire française (de 800 à plus de 3000 hommes), avec son lot de cercueils. C'est dire que ses propos sur le caractère indispensable d'une présence destinée à lutter contre le terrorisme et à assurer ainsi notre  paix et notre sécurité sont plus qu'aléatoires. Ils reflètent bien plus sûrement son penchant atlantiste .

La paix et la sécurité régionale et mondiale, ainsi que la lutte contre le terrorisme ne sortiront pas renforcées d'une guerre conduite avec les objectifs et les méthodes d'une guerre de civilisation qui ne dit pas son nom. Il faut réorienter l'effort très important de la communauté internationale (des dizaines de milliards de dollars) d'une action à forte connotation militaire vers un plan d'urgence économique et social, la construction d'infrastructures, d'hôpitaux et d'écoles, une lutte effective contre le narco-trafic et un relèvement du bas niveau de vie du peuple afghan . C'est sur ce terrain là d'abord que se gagnera la lutte contre Al Qaeda et ses alliés. L'élimination de Ben Laden ne peut se réduire à une option militaire. Elle renvoie à un effort prolongé au plan diplomatique, financier et du droit international. Le règlement du conflit israélo-palestinien, le traitement des problèmes régionaux (Pakistan, Cachemire, Inde), la lutte contre la prolifération nucléaire, bactériologique ou chimique, l'action contre les paradis fiscaux font partie de cet effort prolongé.

Pour l'ensemble de ces raisons, les Verts se prononcent pour un retrait progressif des forces militaires françaises d'Afghanistan, ainsi que des forces militaires de l'OTAN, tant que leur mandat, leurs missions, et leurs modalités d'engagement n'auront pas été redéfinis par une nouvelle résolution de l'ONU. Il ne s'agit évidemment pas d'abandonner le peuple afghan à un retour au pouvoir des Talibans (tout à fait possible vu la fragilité politique et militaire des institutions légales du pays) ni à la reconstitution d'un Etat terroriste, mais de faire passer la priorité de l'action internationale (et les fonds correspondants) d'un pôle militaire (la FIAS) surdimensionné au regard de ses piètres résultats, vers un pôle politique (l'appui à la mise a mise en place d'un Etat de droit, à la démocratie, à la lutte contre le narco-trafic et la corruption, ) et un pôle économique et social (appui à la reconstruction, au respect des droits de l'Homme et des Femmes).

En vue du débat et du vote parlementaires du 22 septembre, les Verts  se prononcent pour le retrait progressif des forces militaires françaises d'Afghanistan et demandent au gouvernement français et  à la communauté internationale d'agir pour une telle redéfinition de l'action de la communauté internationale en Afghanistan, sanctionnée par une nouvelle résolution de l'ONU. Sans ce nouveau mandat la présence de soldats français ne serait plus justifiée.

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